Le parcours de graphiste freelance depuis 30 ans ne se résume pas en quelques lignes. D’autant que j’ai vécu la principale révolution dans les métiers graphiques : l’arrivée de l’informatique ! Je vous propose un petit tour d’horizon des anciennes et nouvelles techniques de création graphique tout en suivant le fil de mes expériences. En ce qui concerne mon parcours professionnel, une autre page y est consacré.

Être graphiste freelance depuis 30 ans

Combien de fois ai-je entendu : “Mais comment fais-tu pour te lever le matin ?” Et bien comme tout le monde, en mettant mon réveil !

L’avantage du freelance, c’est d’être à quelques mètres de son bureau ! Mais ne croyez pas que pour autant, les grasses matinées ou les journées de farniente soient au programme.

Bien au contraire, car un freelance ne doit jamais remettre à demain ce qu’il pouvait faire la veille, au risque de devoir refuser un nouveau dossier le lendemain…
Ah, si j’avais su, j’aurais travaillé hier !!!

Un bon freelance doit :

• Savoir gérer son temps
• Respecter le brief et les délais des clients
• Expliquer son métier et la bonne façon de travailler ensemble
(demander les textes sous word, les images dans un format exploitable…)
• Toujours justifier sa création
(le client apprécie toujours de découvrir la logique créative qui a mené à cette création)
• Respecter l’image de marque et la culture d’entreprise de son client
(indispensable pour obtenir une création en adéquation avec le reste de sa communication)
• Être toujours disponible
(même lorsqu’on jongle avec différents clients)
Savoir expliquer les différents stades de la création,
(sensibiliser son client sur l’impossibilité de certaines corrections lors de la finalisation)
Savoir s’aérer car la bonne idée peut se dévoiler n’importe où !

Comment réussir sur la durée ?

Je pense qu’il n’y a pas de secret, juste être sérieux, consciencieux : chaque client est important. J’ai travaillé avec beaucoup d’agences de communication au début, puis avec des annonceurs.
Mes coordonnées ont été conservées et transmises, et j’ai ainsi pu traverser les différentes crises en étant toujours là ! Bien sûr, il y a des périodes plus remplies que d’autres, et les moments de calme sont toujours profitables pour se former : que ce soit dans les musées, dans les librairies d’art, ou devant un ordinateur pour un nouveau logiciel.

Les nouvelles technologies ont bouleversé
tous les métiers de la chaîne graphique !

Le métier de graphiste freelance avant le Mac

Commençons par les outils du graphiste freelance :

Il fallait avant tout savoir dessiner car nous utilisions beaucoup de papier, que du papier !!
Je gardais une grande quantité de pages de magazines que je rangeais soigneusement dans de gros classeurs, par “thème”, car sans internet, il fallait avoir une documentation suffisante pour pouvoir recréer n’importe quelle image, parfois complexe, dessiner n’importe quel sujet sur n’importe quel fond.
Les frais de documentation occupaient alors une grande place dans les dépenses : entre les livres, les magazines, et toutes sortes de formats d’édition récupérées lors de salons, il en fallait des étagères !

Image-dossiers

Aujourd’hui, plus besoin, tout est sur le WEB et nous avons une imprimante personnelle. Cela peut paraître aujourd’hui incroyable, mais avoir accès à des milliards d’images pour un geste, un regard, une position de corps particulière, est une chance, un gain de temps et de qualité inimaginables lorsqu’on a connu la joie des heures de recherche dans les dossiers !

Nous étions ROUGHMAN (ou roughwoman!), storyboarder, illustrateur, mais la vraie « maquette » est arrivée un peu plus tard.

Qu’est ce qu’un rough ?

Un ROUGH est une esquisse, un dessin plus ou moins abouti, permettant :
• au client de faire son choix
• au photographe ou à l’illustrateur de créer l‘image finalisée pour l’impression
• au photocomposeur de créer les typographies adéquates
Puis, photograveur , BAT (le fameux Bon A Tirer), et imprimeur.
• ils étaient faits avec des FEUTRES PANTONE ou MAGIC MARKER, et les typos en réserve blanche à la gouache, parfois au tire-ligne. Le Posca n’existait pas encore… (feutre blanc de toutes pointures et à l’opacité fabuleuse, existe maintenant dans toutes les couleurs). Nous étions comme un cuisinier qui mélangeait ses ingrédients afin d’obtenir le résultat souhaité.
On utilisait essentiellement des feutres, … certes, mais surtout, les doigts ! Les dégradés se faisaient en allant vite, et en estompant avec les doigts entre deux couleurs, avant que le feutre ne sèche complètement, ce qui était très rapide.
Pas de Pomme Z, Pomme C ou Pomme V, alors la moindre erreur, on recommençait !

Après le rough, la maquette >>>>>>>>

• Après cette étape, nous suivions notre projet entre les différents autres corps de métiers. Les compétences et limites de chaque métier étaient parfaitement définies et chacun trouvait sa place dans la chaîne graphique : le créa ou le fameux “Directeur Artistique” (souvent un graphiste sénior), en quelque sorte “le chaudron d’idées”, puis, le roughman, devenu alors graphiste, qui mêlait les images et les textes, puis le photographe et/ou l’illustrateur, le photocomposeur, le photograveur, l’imprimeur, tous ces métiers qui aujourd’hui, soit n’existent plus, soit se sont faits absorber par le numérique.

• En dehors des ouvrages de luxe, plus personne ne connait le métier de photograveur, et le fameux B.A.T n’existe plus ! Aller chez l’imprimeur, découvrir les plaques, modifier les couleurs, remplir les blancs avec un feutre inactinique, tout cela, c’est du passé, révolu et enterré. Concevoir une brochure commerciale, c’était, hier, en créer les grandes lignes graphiques, l’emplacement des éléments, jongler entre le photographe et l’illustrateur pour la partie des visuels, faire monter correctement les documents par le photocomposeur… bref, tout cela demandait de coordonner des compétences bien différentes, et nécessitait des connaissances précises de la chaîne graphique. Les agents de roughmen et d’illustrateurs étaient alors très nombreux, et le coup de crayon avait une grande valeur ajoutée.

L’arrivée du  Macintosh

• J’ai eu la chance de m’équiper d’un Macintosh très vite, au début des années 90. Je me suis « auto-formée » à cet engin qui, dès le début, m’apparut comme un outil très utile mais restant un outil. Les logiciels étaient Freehand, Xpress, mais les banques d’images n’existaient pas encore et nous devions toujours créer nos projets en rough. Une fois terminé, on le scannait, puis on y ajoutait nos typographies bien propres, tellement plus rapides et précis qu’à la main !

• Avec l’arrivée des logiciels de la suite Adobe, les imprimantes couleurs, le graphiste a pu, avec le temps, se passer de tous les autres maillons de la chaîne, en dehors de l’imprimeur. Mais celui-ci travaille en majorité en numérique et rares sont les travaux imprimés en traditionnel.

• Aujourd’hui, un rough, dans la majorité des cas, c’est une image ou un montage d’images trouvées sur les multiples banques d’images, et les textes rajoutés sur un logiciel de mise en page.
Hop, on mouline un pdf, et on envoie par mail ! Reste que si vous n’avez pas l’IDÉE, ça ne marche pas !! Cela demande encore plus de créativité !

• En 30 ans, je suis intervenue sur une multitude de dossiers dans des domaines d’une incroyable diversité, me permettant de me former à différentes techniques : pour un graphiste sénior aujourd’hui, le parcours n’a pas été un long fleuve tranquille, car lorsque l’édition, notre cœur de métier s’est vu voler la vedette par le WEB, là, plus d’autre choix que de se former aux nouvelles technologies.

Vous avez dit graphiste WEB

Le WEB exige des connaissances techniques très très éloignées du métier de base du graphiste. Le graphiste est un artiste, il a souvent fait une école d’Art, sa technique étant avant tout tributaire de ses idées.

Il y a des automatismes informatiques qui nous permettent, une fois un logiciel bien assimilé, de toucher à bien d’autres logiciels et, sans rentrer dans les fonctions très pointues, nous permettent de réaliser des documents destinés exclusivement au Web comme si le document allait partir chez l’imprimeur… bien pratique, j’avoue !!

Mais aujourd’hui, je dois anticiper techniquement la faisabilité de mes idées lorsque je crée un projet “on line”. Le client a besoin d’une prestation globale, un seul interlocuteur, et le graphiste sénior qui s’est formé aux nouvelles technologies apportent cette double réponse, créative et technique. Le graphiste trouvera alors sa “liberté” dans la création, sans être bridée par les soucis techniques.

Et demain ?

Il n’en reste pas moins que pour un Graphiste sénior, même s’il est toujours actif sur des dossiers print, le Web offrent de multiples possibilités. Des idées, de la création, le WEb en réclame partout : pour créer des vidéos, des animations, des éléments qui soient multi-plateformes… on a le choix ! Et j’ai choisi de m’intéresser à WordPress, afin de créer des sites faciles d’administration ; Motion et Final Cut Pro pour créer de petits films d’animation, ainsi que des présentations vidéos à base d’images fixes pour mes clients.

Un nouveau tournant, bientôt un nouvel article sur ce sujet, pour la nouvelle année… !

Des exemples.

Retrouvés dans des cartons ayant beaucoup voyagé, la qualité des visuels n’est pas toujours au rendez-vous : le numérique n’existait pas encore, il y avait encore le fameux Polaroïd, et des tirages papiers de diapositives, mais cela vous donnera une idée !

rough-chambourcy

Rough-Maquette annonce-presse Nestlé

L'annonce-presse Nestlé

L’annonce-presse Nestlé

Poster-hachette

Rouh-Maquette affichette

Soho

Rough d’une mise en place d’opération promotionnelle

sanofi-AP

Rough pour une affiche interne

Cosmas

Rough-Maquette pour une affiche 4×3

Cointreau

Rough pour une prise de vue Cointreau

Conte-priseDeVue

Rough pour une prise de vue Comté

arthurBonnet-affiche

Rough-maquette pour une affiche promotionnelle

Storyboard

Exemple de story board (rough pour une vidéo)

Annonce-presseKickers

Rough pour une prise de vue Kickers

 

Aujourd’hui, un coup de Google, deux cuillères de Photoshop et un brin d’Illustrator et le tour est joué, et puis, si vous ratez, il y a toujours le Pomme Z mais là, il n’y avait que le Recommencer à Zéro lorsque le coup de feutre était mal placé…